top of page

BANQUET​

​

IRVING PENN

"A Paris, un homme connaissait Irving Penn sans doute mieux que quiconque: le galeriste Thierry Marlat. Le galeriste d'irving Penn. L'histoire de la rencontre entre Penn et Thierry Marlat est étonnante, empreinte, comme tout ce que fait Marlat, de mystère et de magie. "La toute première photo que j'ai achetée est un tirage d'Irving Penn. Un tirage platine de trois pavots. C'était en 1991 chez Sotheby's. Puis, je l'ai vendue," raconte Marlat, "mais, quelques années plus tard, je l'ai rachetée, exactement la même." 

C'est Pierre Apraxine, à l'époque conservateur de la collection Gilman, qui a été chargé par Penn de contacter Thierry Marlat, en 2000. "Je suis donc parti à New York pour rencontrer le photographe. J'avais un billet en économie, mais au moment d'embarquer, j'ai été surclassé en business class. Je m'installe et je me rends compte que je voyage avec Richard Avedon!" 

"Lorsque je suis arrivé chez Penn, j'ai vu ce petit bonhomme habillé en chirurgien. Il appelait son studio la "clinique". Il était très méticuleux. Tout le monde était en blouse avec un bonnet de chirurgien sur la tête. On a pris le petit déjeuner ensemble. Nous avons parlé de Paris, de la vie parisienne qu'il avait adorée; il m'a demandé des nouvelles de l'hôtel de la Reine, place des Vosges, où il avait habité; nous avons parlé de tout et de rien. Penn avait aimé les choix que j'avais fait lorsque j'organisais des expositions. A la fin, il m'a demandé si je pouvais le représenter à Paris."  

Thierry Marlat organise la première exposition de Penn à Paris. Huit personnes se sont déplacées le jour du vernissage. Heureusement, en huit jour, tout est vendu. 

Marlat, qui est l'un des galeristes les plus talentueux de Paris, et de très loin, a toujours eu une place à part. Ses expositions, souvent remarquables, sont régulièrement ignorées par les critiques. C'est un des mystères de l'univers. Comment faire l'impasse sur cette galerie lorsque l'on s'intéresse à la photographie? Et, dans le même temps, Irving Penn, lui, sait ce que fait ce jeune passionné d'art, sait quel tirages sont exposés, lesquels sont vendus, alors qu'il n'a pas encore rencontré son futur galeriste. "Ca, c'est un homme," lance Marlat, devenu le marchand de cet immense artiste. 

"Penn a pu passer de la mode à l'ethnographie, au portrait, à la nature morte, toujours en sachant dominer l'art du portrait et avec cette lumière qui lui est propre." 

"Il y avait beaucoup d'amour dans son travail," explique Thierry Marlat. "D'ailleurs l'exposition que nous inaugurons le 15 octobre, s'intitule Banquet. Le banquet, c'est la réunion autour d'une table de gens qui partagent, qui s'aiment. Et c'est ce qu'a fait Penn: il est venu me chercher. C'est ça le partage." Jean-Sébastien Stehli, Le Figaro Madame

bottom of page